WAT's up

FYI est de retour avec un numéro 102 qui ouvre une belle parenthèse de réflexion et s’interdit le point final pour vous laisser en suspension… Vous l’aurez compris, nous allons parler ponctuation et surtout décrypter ce qu’elle révèle de votre personnalité ou de celle de votre marque. Mais avant cela, nous plongeons au cœur d’un tout nouveau phénomène : les digital gardens. Et oui, cultiver son jardin se fait aussi sur le web désormais (rangez ce sécateur et sortez votre palette graphique). Enfin, avec les exemples d’Airbus Atlantic et EDF, nous explorerons la voie de la narration par l’expérience : lorsque le collectif parle au collectif, l’adhésion au changement se fait plus facilement.

Bonne lecture !

Vie discrète, vie parfaite ?

WAT vous parle de jardins numériques
Photo de Rene Asmussen (Pexels)

Par Floriane, spécialiste social media chez The social republic

Aujourd’hui, on vous parle de jardins numériques, appelés aussi « digital gardens », dans la langue de Shakespeare. Mais que se cache-t-il derrière cette appellation presque poétique ? Un jardin numérique est une page (ou un site web), intime et créative, qui permet de s’exprimer, de partager ses idées, comme bon nous semble. C’est un espace que l’on peut cultiver comme son jardin secret, où l’on peut parler de ses passions, de ce qui nous anime, qui retranscrit qui nous sommes, notre personnalité. Cultiver son jardin numérique, c’est prendre le temps, réfléchir, prendre le temps de réfléchir.

Le concept vous fait peut-être penser à quelque chose ? Pourtant, il n’est pas comparable à un blog ou aux réseaux sociaux. Au contraire, il n’a pas vocation à toucher une large audience ou à faire le buzz. C’est un retour à la discrétion, une volonté de ne pas entamer une course aux « likes », comme peuvent nous pousser les algorithmes de TikTok ou Instagram, par exemple. Il s’inscrit dans une véritable démarche de développement à long terme, loin des grandes plateformes sociales. Pour vous aider à visualiser ce qu’est concrètement un jardin numérique, on vous donne un bel exemple avec Mélanie Richards, qui partage sa passion pour le graphisme et la création d’objets.

Même si ce concept n’est pas nouveau, il connaît aujourd’hui un véritable succès. D’après L’Adn, ces espaces fleurissent aujourd’hui à grande vitesse, où derrière eux, chaque « jardinier » apporte sa propre touche textuelle et visuelle. C’est en effet une tendance suivie par de plus en plus d’internautes, à l’heure où les consommateurs souhaitent « ralentir », en retrouvant davantage de simplicité et de cohérence avec leurs valeurs. Dans la même optique d’échapper à la tyrannie des réseaux sociaux, à l’obligation de répondre et pour renouer avec l’envie de se concentrer sur ce qui vaut la peine d’être dit, voici un autre exemple de ce phénomène de besoin de se retirer dans son jardin : « Silent Exit ». La plateforme Whatsapp s’empare d’ailleurs de ce mouvement, en permettant à ses utilisateurs de quitter en toute discrétion et de façon silencieuse, n’importe quel groupe de discussion.

Même si les jardins numériques demandent certaines compétences techniques, dont le codage informatique, cette tendance est donc à suivre en 2023.

L’expérience salarié, clé de la communication de changement ?

Par Olivier, en direct de WAT Toulouse

Les entreprises et les organisations sont entrées dans l’ère de l’adaptation permanente face aux défis économiques et sociétaux. Dans ce contexte hautement mouvant, l’exercice de communication de changement devient aussi essentiel que permanent, lui aussi. Alors comment l’appréhender sous ce nouvel angle pour mieux accompagner les collaborateurs et les embarquer systématiquement ?

 Une nouvelle dimension

A l’agence, nous croyons en la réflexion de David Autissier, Directeur de la chaire ESSEC du changement, dans un article du magazine Forbes du 12 octobre 2022. Il soutient l’idée d’une approche narrative du changement. Elle consiste à compléter les récits historiques (qui nous sommes et ce que nous avons fait) et les récits prospectifs (vers où nous allons) par une dimension expérientielle (le partage du collectif au collectif). Cela permet à la fois la construction de nouveaux imaginaires (pour aboutir à des modèles qui n’existent pas encore) et le développement d’un ancrage dans le réel.

Concrètement, comment on s’y prend ?

L’exemple Airbus Atlantic, entreprise née le 1er janvier 2022, qui regroupe l’ensemble des activités d’assemblage d’aérostructures du groupe Airbus en France jusque-là dispersées dans différentes organisations, nous éclaire. Bien avant le jour J, le dispositif propose des premiers messages dédiés à l’expression de l’intérêt et du bien-fondé du projet au regard des histoires vécues par les différents acteurs.

Dans un autre registre, EDF a également fait le choix de la narration expérientielle pour conduire le changement dans le cadre de l’évolution de sa branche Marché d’Affaires (celle qui s’occupe des clients professionnels). L’enjeu : trouver un moyen d’accompagner les salariés dans ces évolutions en respectant le rythme particulier du dialogue social et en restant pédagogique. L’option retenue : au gré des réunions de CSE, une série de 5 podcasts sur l’actualité de la transformation du marché d’affaires avec les interviews des leaders du projet mais aussi des métiers et régions concernées.

Miser sur l’incarnation

Vous l’aurez compris ; il est essentiel de replacer les collaborateurs et les managers au cœur des dispositifs. Pour qu’ils puissent s’approprier la transformation dans un cadre préalablement défini mais qui n’est pas figé. Ainsi, ils peuvent interpréter, se tromper et donc intégrer ce changement dans le fonctionnement quotidien de l’entreprise et de leur mission.

Là aussi, l’exemple d’Airbus Atlantic est éclairant : depuis quelques mois, la communication de changement s’attache à soutenir Céleste, le programme de transformation et d’intégration post fusion qui orchestre les chantiers (informatique, qualité, système opérationnel, supply chain…). Chaque mois, un weblive est organisé par l’équipe projet pour échanger avec les managers sur les enjeux et les étapes de chacun de ces chantiers. Charge ensuite à ces mêmes managers de cascader à leur manière l’information auprès de leurs équipes. En parallèle, deux fois par mois, sont diffusées sur les TV de l’entreprise de courtes interviews de collaborateurs qui expliquent en quoi la création d’Airbus Atlantic a changé leur quotidien et comment la nouvelle organisation permet d’aller dans le bon sens pour préparer l’avenir.

Du côté d’EDF aussi, l’incarnation fait partie du processus pour que le changement soit mieux appréhendé. Dès que la transformation a commencé à se mettre en place et que les équipes ont été formées, la vidéo a pris le relais du podcast avec 10 épisodes « tour des équipes et des régions ». Virginie Maillebuau, de la direction Commerce marché d’affaires d’EDF fait un constat très positif : « Au départ, les salariés pensaient que ce projet de transformation venait de la direction alors qu’il était né d’un état des lieux partagé par tous. D’où l’idée de donner la parole – en podcasts, puis en vidéos – aux salariés et aux managers qui incarnent la transformation. Au fil du déploiement de ces contenus, les baromètres que nous avons réalisés ont montré que le dispositif était plutôt apprécié et surtout qu’il était perçu comme un outil de communication fiable, cité par 25 % des salariés comme un canal d’information privilégié. Les contenus étaient notamment repris en début de réunion d’équipe et particulièrement appréciés par les équipes des régions qui avaient accueilli les tournages. »

Chez Airbus Atlantic, un poster - infographie pour faciliter le cascading aux équipes.
Chez Airbus Atlantic, un poster – infographie pour faciliter le cascading aux équipes.

Montre-moi comment tu ponctues, je te dirai qui tu es…

Source photo : Courrier International, pourquoi il ne faut pas mettre de point à la fin d'un SMS - ponctuation
Source photo : Courrier International, pourquoi il ne faut pas mettre de point à la fin d’un SMS

Par Chloé, rédactrice chez WAT

Les graphologues ne diront pas le contraire : notre façon d’écrire révèle bien des aspects de notre personnalité. Et qu’en est-il de notre manière de ponctuer nos mails, SMS et autres missives ? Pour enquêter sur ce sujet très sérieux, nous avons interrogé un non moins sérieux spécialiste du sujet, Roland Eluerd, linguiste passionné.

 Vous multipliez les points de suspension

« Le point de suspension est le signe de l’inexprimé », précise Roland Eluerd. Que dire de ceux qui en usent et en abusent ? « Sans doute des personnalités un peu fuyantes, qui expriment une incertitude volontaire », analyse le linguiste. Remplacer un point final par un point de suspension indique en effet une volonté de ne pas tout à fait terminer son propos et le sous-entendu qui plane ouvre à toutes les interprétations. Vous ajoutez un quatrième point aux trois premiers et vos lecteurs se moquent de vous ? Faites cesser leurs quolibets ; votre fantaisie est un hommage à Corneille. Pierre, pas le chanteur. Il fut en effet le premier auteur à utiliser ce signe de ponctuation en n’utilisant pas trois, mais bien quatre petits points les uns à la suite des autres.

 Vous mettez un point à la fin de vos SMS

Vous avez sans doute des penchants psychopathes – ou pas – mais, dans le doute, ne nous approchez pas… Car si le point final est attendu pour clore une phrase dans un mail, il traduit, en fin de texto, l’agacement, même involontaire de son auteur. Une sorte de tacle qui n’invite pas au dialogue. « La ponctuation en fin de SMS a tendance à disparaître au profit des émojis qui ont ce pouvoir de préciser l’intention de l’auteur, analyse Roland Eluerd. Mettre un signe de ponctuation en fin de SMS est aujourd’hui très engageant. »

 Vous mettez entre guillemets autre chose que des citations

Souffririez-vous d’un léger manque de confiance en vous ? « Les guillemets peuvent mettre en évidence un mot avec lequel nous prenons nos distances », prévient Roland Eluerd. Mais ils peuvent aussi indiquer un mot que l’on n’assume pas complètement. Allez, n’ayez pas peur ! Osez utiliser mots savants et noms de concepts sans vous excuser de le faire.

 Vous ne connaissez pas l’existence du point-virgule

Vous êtes sans doute né au 21e siècle… et comme on vous envie ! Pourtant, comme cette « virgule qui sépare autant qu’elle unit » (dixit notre linguiste préféré) a de charmes ! Aucun signe n’égale cette pause plus longue que la virgule mais plus courte que le point final. « D’ailleurs, la ponctuation n’est qu’une affaire de souffle et de respiration : à chacun son style » résume Roland Eluerd. Respirez, tout est possible…

Trêve de plaisanterie, la ponctuation est un point clé souvent oublié des chartes de langage. Pourtant, dans le récit d’entreprise, elle permet d’adapter le discours à l’émotion ou au comportement que l’on veut susciter chez son audience. Déjà foisonnante, elle s’enrichit, dans l’environnement digital, de l’émoji comme nouvelle forme de ponctuation. Discrète, elle a le pouvoir de créer de la proximité et de l’accessibilité, d’accompagner le langage phatique, de contribuer à transmettre rapidement une info-clé. Mais elle peut aussi créer l’enthousiasme, mobiliser (merci le point d’exclamation) et éveiller l’imaginaire lorsqu’elle rythme les récits fictionnels dans une grande liberté de mouvement.

 À l’agence, on pense qu’il faut laisser place à la créativité pour en finir avec la standardisation du langage, créer de la différenciation et valoriser la singularité de la marque. Comme Marcellin Jobard, on aurait même envie de créer de nouveaux signes de ponctuation propres à votre entreprise Chiche ?

Très bonne fin de semaine, 

La team We are together