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Développement durable, croissance verte, compensation, climatosceptique, empreinte carbone… Nombreux sont les mots entrés dans notre vocabulaire depuis quelques années, face à l’urgence climatique. On les retrouve dans les débats nationaux, les conversations du quotidien et dans de nombreux supports de communications.

Des mots pourtant loin d’être anodins et “tout sauf inoffensifs”, selon l’activiste Camille Étienne et le journaliste Philippe Vion-Dury du magazine Socialter.

Car derrière chacun de ces mots se cache un imaginaire, mais surtout une certaine idée de notre façon très occidentale d’aborder la crise. Explications avec quatre mots que l’on entend beaucoup (trop ?) autour nous.

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Source Socialter

Développement durable

Le mot-maître, l’historique et surtout l’officiel, car il s’inscrit dans les institutions internationales telle que l’ONU (et ses fameux ODD). Né dans les années 80, dans le rapport Brundtland, il définit “un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Véritable oxymore pour certains, à l’instar de la croissance verte, car il véhicule l’idée de concilier “l’idée d’une croissance infinie et la réalité d’un monde fini”. 

Propre

Des avions propres ou encore des voitures propres, les compagnies aériennes et les industries automobiles nous les promettent. Le hic, c’est que cela ne prend en compte que le bilan carbone de l’utilisation de l’objet, et n’estime pas les émissions dites « grises » : celles générées par le reste du cycle de vie de l’objet, de sa conception et de sa fin de vie. Et surtout, un terme qui selon Philippe Vion-Dury ne fait « qu’entretenir le récit selon lequel l’innovation technologique nous permettra de «verdir» notre mode de vie – pour nous éviter d’avoir à le négocier.”

Dématérialisation

Exit le papier, tout est désormais sur le cloud (ou dans les nuages informatiques, en bon français). Moins palpable, moins réel, ce modèle utilise pourtant un grand nombre de ressources – et pas moins infinie que le papier. Autre problème soulevé par cette tendance, les datas centers qui fleurissent un peu partout dans le monde, chipant des hectares de verdures à la biodiversité.

Compensation

Un arbre planté ou une somme versée pour compenser une ou des actions pas très écolo, c’est le principe de la compensation. Une méthode assez pratique pour se donner bonne conscience diront certains, un terme qui surtout cache que l’on ne veut pas changer son mode de vie pour d’autres. Un principe surtout dangereux pour Philippe Vion-Dury, car il pourrait “favoriser un nouveau colonialisme, puisque [la compensation] permet aux pays du Nord de s’épargner la charge d’une politique de réduction des émissions en s’offrant des opportunités” de crédit carbone dans les pays du Sud.

Une fois dit, l’idée n’est pas de les honnir ou de les bannir, mais bien de prendre conscience que ces mots, bien que tendances, ne sont pas neutres. Nos audiences connaissent désormais les finalités de ses dénominations ou de ses stratégies RSE.  À nous donc de les utiliser à bon escient pour parler de nos engagements climatiques, et toujours avec transparence.

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